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  • : Juste un voyage
  • : Se laisser porter par la beauté des mouvements artistiques et sociaux du 19ème et du début 20ème... une sensibilité en éveil...
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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 12:38

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O cet ennui bleu dans le coeur !
Avec la vision meilleure,
Dans le clair de lune qui pleure,
Et mes rêves bleus de langeur !

Cet ennui bleu comme la serre,
Où l'on voit closes à travers
Les vitrages profonds et verts,
Couvertes de lune et de verre;

Les grandes végétations
Dont l'oubli nocturne s'allonge,
Immobilement comme un songe,
Sur les roses des passions;

Où de l'eau très lente s'élève,
En mêlant la lune et le ciel
En un sanglot glauque éternel,
Monotonement comme un rêve.

Serre d'ennui
Maurice Maeterlinck (1862-1949)
Il reçut le prix Prix Nobel de littérature en 1911.

Tableau " Dans le Moulin de la Galette, Paris," - 1910.
Isaac Israels, (Dutch, 1865-1934)

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 12:33

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Debout, voluptueux, dans l’ombre où tu t’endors
Un clairon martial résonne et te convie.
Debout ton coeur, debout ta pensée asservie...
Ne faut-il pas que tu sois fort entre les forts ?


La volonté, lionne à l’indomptable essor,
Sous sa griffe superbe emporte au loin la vie,
Et s’irrite et triomphe et, belle inassouvie,
Rugit à l’avenir sur des dépouilles d’or !


Mais non, c’est la débauche en sa louche taverne,
Qui t’attise à ses yeux brûlés que le plomb cerne,
Et souffle en ricanant ton pur flambeau d’orgueil :


Ou bien c’est la câline et mortelle paresse,
Ensorceleuse pis qu’une vieille maîtresse
Qui te couche à son lit drapé comme un cercueil.

Paresse - 1900.
Recueil : Le chariot d'or 
Albert Samain.
(1858 - 1900)

Estampe "La Paresse" - 1896
Felix Vollotton ( 1865 - 1925)

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 12:29

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O Muse ! que m'importe ou la mort ou la vie ?
J'aime, et je veux pâlir ; j'aime, et je veux souffrir ; 
J'aime, et pour un baiser je donne mon génie ; 
J'aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie 
Ruisseler une source impossible à tarir. 

J'aime, et je veux chanter la joie et la paresse, 
Ma folle expérience et mes soucis d'un jour, 
Et je veux raconter et répéter sans cesse 
Qu'après avoir juré de vivre sans maîtresse, 
J'ai fait serment de vivre et de mourir d'amour. 

Dépouille devant tous l'orgueil qui te dévore, 
Coeur gonflé d'amertume et qui t'es cru fermé. 
Aime, et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore. 
Après avoir souffert, il faut souffrir encore ; 
Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé.

Extrait de La Nuit d'Août - 1840
Alfred de Musset (1810-1857)

Tableau Ajax et Cassandra - 1886
Solomon J. Solomon (1860-1927)

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 15:58

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La chair de la Femme, argile extatique,
Nos doigts polluants la vont-ils toucher ?
Non, non, le Désir n'ose effaroucher
La Vierge Dormante au fond du Triptyque.
La chair de la Femme est comme un Cantique
Qui s'enroule autour d'un divin clocher,
C'est comme un bouton de fleur de pêcher
Éclos au Jardin de la nuit Mystique.
Combien je vous plains, mâles épaissis,
Rongés d'Hébétude et bleus de soucis,
Dont l'âme se vautre en de viles proses !
O sommeil de la Belle au Bois Dormant,
Je veux t'adorer dans la Paix des roses,
Mon angelot d'or, angéliquement

PLATONISME
Les Déliquescences, poèmes décadents d'Adoré Floupette -1885 par Henri Beauclair (1860-1919) & Gabriel Vicaire (1848-1900)

Tableau "Le Bonheur de Vivre," -1906 
Henri Matisse (1869-1954)

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 12:22

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Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
Avec un long sourire où miroitent tes dents...
Je t’enlace ; j’ai comme un peu de l’âpre joie
Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
Tu souris... je te tiens pâle et l’âme perdue
De se sentir au bord du bonheur suspendue,
Et toujours le désir pareil au coeur me mord
De t’emporter ainsi, vivante, dans la mort.
Incliné sur tes yeux où palpite une flamme
Je descends, je descends, on dirait, dans ton âme...
De ta robe entr’ouverte aux larges plis flottants,
Où des éclairs de peau reluisent par instants,
Un arôme charnel où le désir s’allume
Monte à longs flots vers moi comme un parfum qui fume.
Et, lentement, les yeux clos, pour mieux m’en griser,
Je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser ! ...

Albert SAMAIN (1858-1900)

Tableau "Iris"
George Lawrence Bulleid (1858-1933)

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 12:48
Entrée du Grand Canal - 1905 Paul Signac (1863-1935)Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot.

Seul, assis à la Grève,
Le grand lion soulève,
Sur l'horizon serein,
Son pied d'airain.

Autour de lui, par groupes,
Navires et chaloupes,
Pareils à des hérons,
Couchés en rond,

Dorment sur l'eau qui fume,
Et croisent dans la brume,
En légers tourbillons,
Leurs pavillons.

La lune qui s'efface
Couvre son front, qui passe
D'un nuage étoilé
Demi-voilé.

Ainsi, la dame abbesse
De Sainte-Croix rabaisse
Sa cape aux larges plis
Sur son surplis.

Et les palais antiques,
Et les graves portiques,
Et les blancs escaliers
Des chevaliers,

Et les ponts, et les rues,
Et les mornes statues
Et le golfe mouvant
Qui tremble au vent,

Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.

— Ah! maintenant plus d'une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.

Pour le bal qu'on prépare,
Plus d'une qui se pare,
Met devant son miroir
Le masque noir.

Sur sa bouche embaumée
La Vanina pâmée
Presse encore son amant,
En s'endormant.

Et Narcisa, la folle,
Au fond de sa gondole,
S'oublie en un festin
Jusqu'au matin.


Et qui, dans l'Italie,
N'a son grain de folie ?
Qui ne garde aux amours
Ses plus beaux jours ?

Laissons la vieille horloge,
Au palais du vieux doge,
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.

Comptons plutôt, ma belle,
Sur ta bouche rebelle
Tant de baisers donnés...
Ou pardonnés.

Comptons plutôt tes charmes,
Comptons les douces larmes
Qu'à nos yeux a coûté
La volupté!

Dans Venise la rouge -1828
Alfred de Musset (1810 - 1857)

Tableau 
Entrée du Grand Canal - 1905
Paul Signac (1863-1935)
 
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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 12:47

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Lui qui sifflait si haut, son petit air de tête,
Etait plat près de moi ; je voyais qu'il cherchait...
Et ne trouvait pas, et... j'aimais le sentir bête,
Ce héros qui n'a pas su trouver qu'il m'aimait.

J'ai fait des ricochets sur son coeur en tempête.
Il regardait cela... Vraiment, cela l'usait ?...
Quel instrument rétif à jouer, qu'un poète ! ...
J'en ai joué. Vraiment - moi - cela m'amusait.

Est-il mort ?... Ah - c'était, du reste, un garçon drôle.
Aurait-il donc trop pris au sérieux son rôle,
Sans me le dire... au moins, - Car il est mort, de quoi ?...
Se serait-il laissé fluer de poésie...
Serait-il mort de chic, de boire, ou de phtisie,
Ou, peut-être, après tout : de rien... ou bien de Moi.

Pauvre garçon - Les amours jaunes -1873
Tristan CORBIERE (1845-1875)

Tableau La lune - 1902
Alfons Maria Mucha (1860 - 1939)

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 12:49
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Répands sur mon front d’insomnie

Tes cheveux d’aurore et de joie,
O toi, ma tendresse infinie,
Avril, mon printemps, mon amour !

Quoi de plus tendre et de plus beau
Que de voir, miracle suprême !
Des roses naître du tombeau !
Cela s’est fait, puisque je t’aime.

Dans mon âme, où l’angoisse est morte,
Le souvenir est effacé…
Donne-moi tes lèvres ! qu’importe
La douleur que fut le passé !

L’oubli me sourit dans tes yeux
Et je dis à la vie en larmes 
Un grand hommage silencieux
Car elle a de suprêmes charmes.

Car j’ai, dans ma pauvre existence,
Parmi les jours où j’ai pleuré,
Quelque chose de doux, d’immense, 
De lumineux et de sacré !

C’est pour cela que je bénis 
Non seulement toi, ma très blonde,
Mais aussi les temps infinis,
L’espace et les cieux et le monde !

J’ai compris quelle aube suprême
Se lève sur le grand néant,
Et qu’on espère, et que l’on aime
Et que l’on meurt en souriant !

À mon Avril - 
Renée Vivien (1877 -1909)

Vaclav Sochor (1855-1935) - In The Bath
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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 12:15
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Une femme mystérieuse,

Dont la beauté trouble mes sens,
Se tient debout, silencieuse,
Au bord des flots retentissants.

Ses yeux, où le ciel se reflète,
Mêlent à leur azur amer,
Qu'étoile une humide paillette,
Les teintes glauques de la mer.

Dans les langueurs de leurs prunelles,
Une grâce triste sourit ;
Les pleurs mouillent les étincelles
Et la lumière s'attendrit ;

Et leurs cils comme des mouettes
Qui rasent le flot aplani,
Palpitent, ailes inquiètes,
Sur leur azur indéfini.

Comme dans l'eau bleue et profonde,
Où dort plus d'un trésor coulé,
On y découvre à travers l'onde
La coupe du roi de Thulé.

Sous leur transparence verdâtre,
Brille parmi le goémon,
L'autre perle de Cléopâtre
Prés de l'anneau de Salomon.

La couronne au gouffre lancée
Dans la ballade de Schiller,
Sans qu'un plongeur l'ait ramassée,
Y jette encor son reflet clair.

Un pouvoir magique m'entraîne
Vers l'abîme de ce regard,
Comme au sein des eaux la sirène
Attirait Harald Harfagar.

Mon âme, avec la violence
D'un irrésistible désir,
Au milieu du gouffre s'élance
Vers l'ombre impossible à saisir.

Montrant son sein, cachant sa queue,
La sirène amoureusement
Fait ondoyer sa blancheur bleue
Sous l'émail vert du flot dormant.

L'eau s'enfle comme une poitrine
Aux soupirs de la passion ;
Le vent, dans sa conque marine,
Murmure une incantation.

" Oh ! viens dans ma couche de nacre,
Mes bras d'onde t'enlaceront ;
Les flots, perdant leur saveur âcre,
Sur ta bouche, en miel couleront.

" Laissant bruire sur nos têtes,
La mer qui ne peut s'apaiser,
Nous boirons l'oubli des tempêtes
Dans la coupe de mon baiser. "

Ainsi parle la voix humide
De ce regard céruléen,
Et mon coeur, sous l'onde perfide,
Se noie et consomme l'hymen.

Caerulei oculi - 
Recueil Émaux et Camées - 1852
Théophile GAUTIER (1811-1872)

L'Amour - 1895
Gustav Klimt (1862 - 1918)
 
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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 10:50

-Pot-Purri---by-Herbert-James-Draper--1897--jpgJe rêve de vers doux et d'intimes ramages, 
De vers à frôler l'âme ainsi que des plumages,

De vers blonds où le sens fluide se délie 
Comme sous l'eau la chevelure d'Ophélie,

De vers silencieux, et sans rythme et sans trame 
Où la rime sans bruit glisse comme une rame,

De vers d'une ancienne étoffe, exténuée, 
Impalpable comme le son et la nuée,

De vers de soir d'automne ensorcelant les heures 
Au rite féminin des syllabes mineures.

De vers de soirs d'amour énervés de verveine,
Où l'âme sente, exquise, une caresse à peine...

Je rêve de vers doux mourant comme des roses.

Albert SAMAIN (1858-1900)

Tableau "Pot Pourri" - 1897
Herbert James Draper (1863 - 1920)

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